IDENTITÉ(S)
(Vol. I)
Ma mère, je ne te connais pas.
Ma mère, je ne t’ai jamais connue.
Ma fille, sans le savoir, tu me connaissais.
- Tille Olsen
À l'âge de 26 ans, je débutais un Master en Photojournalisme à l’Université du Texas à Austin, trois semaines après le décès de ma mère, emportée par un cancer. Ma thèse de fin d’études consista en une reconstruction de sa vie, de sa personnalité, à travers des lettres, des photographies et des témoignages de proches.
Les vieilles lettres et photos de famille m’ont toujours fascinée, autant par ce qu’elles révèlent que par ce qu’elles omettent. Et bien que le travail requis par ma thèse m’ait certainement permis de faire le deuil de ma mère, mon obsession pour ces vieilles photos et lettres ne m’a jamais quittée. D’où l’idée de ce projet rassemblant des témoignages visuels, écrits et auditifs sous forme de légende accompagnant chaque photo ; les mots et les images s’additionnent pour recomposer un portrait de ma mère. Chaque légende est le témoignage d’un proche non identifié. Les images recréées pour ce projet se veulent nostalgiques du passé tant par leur contenu que par le procédé technique utilisé pour leur réalisation (Naccolith). Aucune image n’a été créée de façon digitale.
A travers cette série d’images,les notions d’identité, de perception, de vérité et de féminité sont remises en question. Le titre fait référence aux nombreux rôles que nous assumons chaque jour et à travers lesquels nous sommes identifiés, ainsi qu’aux nombreuses contradictions qui caractérisent chacun d’entre nous. La vie de ma mère est ainsi présentée telle que je l’ai trouvée au commencement de ma thèse : en morceaux ayant besoin d’être assemblés, connectés les uns aux autres. Ainsi, le spectateur se retrouve libre de recréer sa propre histoire, ses propres impressions. En effet, seules les impressions demeurent, la vérité est à jamais insaisissable.
[Cliquez sur chaque image pour accéder au témoignage]